Echange de bons procédés

Dans deux biotopes comparables (lacs dans le Wisconsin aux Etats-Unis, et cours d’eau en Colombie Britannique, Canada), une réciprocité végétaux/saumons contribue à une bienfaisante diversité.
Lorsque les algues d’eau douce sont en quantité insuffisante, le zooplancton local complète son alimentation par des résidus végétaux (feuilles d’érable, aiguilles de pin, …), à la vive satisfaction des saumons qui se nourrissent en partie de ces organismes zooplanctoniques (daphnies, …).
A leur tour, via les nutriments issus de leurs frais, la plus ou moins grande abondance de saumons contribue à déterminer les types et productivités des végétaux présents dans les forêts environnantes.
– un nombre élevé de ces poissons favorise une faible diversité de plantes à haute teneur en éléments nutritifs (ronce, sureau,….)
– un nombre faible favorise une grande diversité de plantes à basse teneur en éléments nutritifs (myrtille, bleuet,….)

 

Sources :

- Impacts of salmon on riparian plant diversity, Science, 25.03.2011 ; traduit en français sur Physorg.com à la même date.
– Strong evidences for terrestrial support of zooplancton in small lakes based on stable isotopes of carbon, nitrogen and hydrogen, Proceedings of National Academy of Science, 01.02.2011, physorg 21.01.idem.

Eco(cide)- tourisme (1)

Première région touristique planétaire, le Bassin Méditerranéen compte 258 millions d’habitants permanents. Entre les mois de juin et septembre de chaque année, 275 millions de personnes supplémentaires s’y établissent temporairement.
Ce plus que doublement n’est pas sans impacts sur l’évolution de ses écosystèmes.
Une recherche portant sur les 21 pays le formant a révélé, alors qu’on enregistrait la plus forte élévation des températures les plus chaudes, que les zones côtières ne recevaient que 10% des précipitations.
Ces résultantes du réchauffement global se traduisent par une diminution moyenne des abats de pluie de 18% en Espagne depuis 1946, de 30% dans les 40 dernières années au Maroc, etc.…
Combiné à l’irresponsable surcroit de population entre juin et septembre, ce stress hydrique contribue à provoquer la combustion de 600000 hectares de forêt, essentiellement sur cette même période chaque année, mettant à mal les 25000 espèces de végétaux qui tentent de se maintenir dans cette partie du monde.
L’extravagant surplus de densité humaine s’y produisant favorise aussi la transformation de la mer Méditerranée en poubelle géante de la planète.
En effet, 250 milliards de fragments de plastique (soit 115000 micro déchets au km2) garnissent cette mer quasiment fermée (« Méditerranée » vient de la locution latine « médius terra » qui signifie « au milieu des terres »).
Ajoutée aux 50000 tonnes d’hydrocarbures déversées chaque année par le trafic maritime (croisières, plaisance, fret, surpêche), cette pollution participe à la disparition de bon nombre des 1350 espèces marines (par exemple, la moitié des variétés de requins et de raies) qui essaient d’y surnager.
Enfin, last but not least, la contribution du tourisme Méditerranéen aux émissions mondiales de gaz à effet de serre est loin d’être négligeable.
Rester chez soi durant une semaine de vacances conduit à émettre 80 kg de GES/personne : la passer en Croatie en dégage 240, en Italie 320, en croisière Méditerranéenne 880, la palme (c’est le cas de le dire) revenant à une semaine de plongée en Egypte avec 1,2 tonne.
Toutes ces nuisances environnementales, alors que « le tourisme consiste à aller voir ailleurs ce qui est devenu pareil partout » (Guy Debord)…

 

Sources :


– Rain in Spain is on the decline, Physorg, 02.02.2011.
– 250 billion’ plastic fragments in Mediterranean, Physorg, 30.12.2010.
– Mediterranean faces dangerous heat, Geophysical Research Letters, 15.06.2007 ; Physorg idem.

Un contrôle naturel très efficace

2000 tonnes de mercure sont émises chaque année par la production de charbon, de chlore, l’utilisation d’incinérateurs…
Son cycle biogéochimique est vertueux lorsqu’un mécanisme, prévu pour ses émissions naturelles (éruptions volcaniques, par exemple), peut fonctionner au sein d’écosystèmes préservés.
En effet, les étendues glacées bloquent les molécules mercurielles et le soleil qui brule sur ces neiges les transforme en mercure gazeux rejoignant l’atmosphère, sans conséquence écologique particulière.
Mais lorsque les glaces disparaissent, ces mêmes molécules sont directement décomposées dans l’atmosphère par la lumière du soleil, qui les transforme alors en methylmercure, dangereux composé chimique endommageant les systèmes immunitaires et nerveux, entravant le développement des cerveaux infantiles…
Ce bienfaisant contrôle a été précisément mesuré en Arctique, bien qu’il soit aussi probablement en action sur l’ensemble des masses glaciaires mondiales (Antarctique, Alpes, Himalaya, Groenland, Andes,…).
Il fait partie des nombreux services écologiques rendus par ces biotopes ; il est donc particulièrement dommageable que l’actuelle espèce humaine laisse volontairement fondre l’Arctique afin de pouvoir s’emparer des milliards de tonnes de manganèse , d’or , de pétrole , cobalt , cuivre , fer , gaz , … qui tapissent son sous-sol.

 

Sources :

- Methylmercury photodegradation influenced by sea-ice cover in Arctic marine ecosystems, Nature Geoscience, 16.01.2011 ; Physorg, 19 idem.
– Fingerprinting’ method reveals fate of mercury in Arctic snow, Physorg, 10.02.2010.

 

JEAN-LUC MENARD