Préventions  efficaces des pathologies : biodiversités et milieux  naturels

Pris parmi de nombreux autres, voici trois exemples qui mettent en lumière la véracité de cet axiome.

- Le paludisme cause le décès de 800000 personnes chaque année.

Dans 54 districts de l’Amazonie Brésilienne, il a été montré que le déboisement de seulement 4 % d’un territoire accroissait de 48 % le nombre d’impaludés : en effet, Anophele Darlingui, moustique transmettant le virus, apprécie particulièrement les mares à découvert que la déforestation occasionne.

A l’ouest du Kenya, le poisson Tilapia a été réintroduit dans un lac : la population de moustiques vecteurs de la malaria y a alors diminué de 94 %.

- Voilà longtemps que le virus du Nil Occidental a quitté l’Ouganda, son lieu originel d’activité.

Possiblement mortel (fièvres) ou provoquant des décès foudroyants(méningites), il a essaimé, entre autres de nombreux pays, aux Etats-Unis.

Là- bas, de patientes recherches ont démontré que s’il existe une diversité d’oiseaux s’équilibrant entre espèces, seul un volatile sur mille est infecté par ce virus : peu de transmissions aux humains se réalisent alors.

En revanche, lorsque les habitats aviaires sont mis à mal, les espèces hôtes du VNO prolifèrent (geais, roselins, corneilles, moineaux, mainates, pinsons…), tandis que disparaissent celles beaucoup moins enclines à l’accueillir (cailles, perruches, oies, pics, foulques, faisans…).

- Toujours aux States, la maladie de Lyme (arthrites, paralysies faciales, encéphalites) est favorisée par l’incessant étalement urbain.

Ce dernier est à l’origine de la disparition de l’oppossum, peu affecté par les tiques porteuses de la bactérie Borrelia burgdorferi transmettant cette pathologie aux humains, alors que prolifèrent les souris à pattes blanches qui en sont des gites privilégiés, car il y a de moins en moins d’oppossums pour les manger.

Ces constats sont certainement généralisables à l’ensemble des espèces animales et végétales présentes sur la planète.

En effet, les variétés les plus résistantes à la détérioration de leurs milieux sont aussi celles qui constituent les meilleurs réservoirs et les plus efficaces transmetteurs d’agents infectieux.

Cela est vraisemblablement du au fait que virus et parasites investissent en priorité les organismes vivants en accueillant le plus : du fait de l’âpre concurrence qui y règne, ils en attendent un enrichissement des gènes à transmettre à leurs descendants.

A leur tour, les organismes particulièrement infestés  développent des immunités supplémentaires qui leur permettent de s’adapter à des environnements dégradés.

 

Sources :

- Moins d’espèces , plus de maladies infectieuses, Le Monde, 15.12.2010.
– Loss  of species large and small threatens human health, Nature, 02.12.2010, disponible en Francais sur le site internet de Science Daily, du 01.idem.
– Biodiversity loss : detrimental to your health, disponible en français sur Physorg.com, 01.12.2010.
– Incidence of malaria jump when Amazon forests are cut, Emerging Infectious disease, 16.06.2010 ; Physorg.com, idem.
– Biodiversity loss can increase infectious diseases in humans , bioscience , 07.12.2009, Science Daily, 06. idem.
– Bird diversity lessens human exposure to West Nile Virus, Physorg.com 06.10.2008.
– Increased avian diversity in associated with lower incidence of human west nile infection, PLOS one, 25.06.2008, Physorg.com, idem.
– Edible fish feasts beats malaria, Physorg.com 09.08.2007.

Eco(cide)tourisme(2)

Les montagnes représentent 24 % des terres émergées.

Leurs stations de sports d’hiver subissent les conséquences du réchauffement global : la plupart d’entre elles recourent à l’enneigement artificiel de mi-décembre à mi-avril.

Dans les Alpes européennes, 70 millions de touristes affluent dans les 666 stations se partageant ce massif montagneux.

En Autriche, 35 % du domaine skiable fait appel à la nivoculture, 70 % en Italie.

En France, 20 milliards de litres d’eau  sont annuellement consacrées à la production de neige artificielle, 1 milliard supplémentaire chaque année, aspirant 60 % du débit des rivières dont les cours sont alors au plus bas.

Très gourmands en énergie, les canons à neige engloutissent  300 millions de watt chaque hiver, contribuant  ainsi à la nécessité d’avoir du multiplier par trois la puissance électrique installée dans les stations françaises.

Même dans une zone mondiale en déficit structurel d’eau depuis douze ans, à savoir celle de Pékin, l’engouement pour le ski y confine à la frénésie.

Tout au long de l’année, la dizaine de stations sises aux alentours de la capitale Chinoise ne désemplissent pas  chaque week-end.

Elles sont entièrement enneigées à coups de canon,  alors qu’il manque annuellement 515 millions de m3 d’eau dans cette région.

Où que ce soit sur la planète, c’est lorsque fond cette neige souvent fabriquée avec de l’eau douteuse que d’autres conséquences se manifestent.

Tout d’abord, un véritable déluge de pollution : une concentration élevée de polluants organiques persistants provenant d’isolants de câbles téléphoniques, de vêtements hydrofuges, de peintures et revêtements, etc… est alors disséminée.

Ensuite , une bactérie, Pseudomonas Syringae, est utilisée pour sa capacité glaciogène qui augmente le rendement de la neige artificielle : lorsqu’elle fond, cette bactérie se répand dans les cultures de concombres, tomates, haricots, pois, prunes, abricots, pommes… dont elle est très friande, y causant d’importants dommages.

Par ailleurs, le bilan carbone de la nivoculture est désastreux : chaque HA artificiellement enneigé suscite l’émission de 8 tonnes de co2.

En outre, la présence massive de touristes se situe  à un moment où la production d’électricité est la plus carbonée, car d’origine thermique quand les retenues de barrages sont gelées.

Cela se traduit par l’émission de 240 KG de co2 par chaque personne séjournant une semaine dans une station de sports d’hiver (contre 80 KG en restant chez soi), atteignant 4,6 tonnes pour chaque individu s’adonnant à deux semaines d’héliski au Canada.

 

Ces impacts catastrophiques sur l’environnement n’ont pas empêché la survenance d’un double événement très significatif :

- à l’automne 2010, Carmen de Jong, professure allemande d’hydrologie et de climatologie, était exclue de l’Université de Savoie, alors qu’elle menait des travaux relatifs aux aspects ci-dessus évoqués.

- au printemps 2011, le Ministère de l’Environnement décernait un premier prix récompensant des recherches prônant l’utilisation des eaux usées dans la fabrication de neige artificielle.

 

Sources :

- Produire de la neige avec les eaux usées, Métro, 16.06.2011.
– Dark side of spring ? Pollution in our melting snow (Université de Toronto), Physorg.com, 28.03.2011.
– Mauvase neige, Le Monde, 09.03.2011.
РLa s̩cheresse accentue le d̩ficit en eau de P̩kin, Le Monde, 30/31.01.2011.
– Ambiance glaciale à l’Université de Savoie, Le Canard Enchainé, 14.10.2010.
– La neige artificielle pas canon pour l’environnement, 20’, 22.09.2010.

 

Facétieuse nature

Que deviennent les carcasses de baleines, requins, cachalots… qui, ayant échappé aux filets de la surpêche, décèdent dans les milieux naturels qui les ont vus naître ?

Eh bien, même leurs os ne sont pas gaspillés : 17 variétés de vers marins de type osedax s’en régalent.

Opérant jusqu’à 3000m de profondeur, ces créatures sont pourtant dépourvues de bouches, d’intestins et d’anus, cruels manques pour qui a besoin de manger et digérer…

Heureusement, de bienveillantes bactéries leur permettent l’accès à ces os de mammifères marins et leur en facilitent la digestion.

Cette symbiose en cache une autre : chaque femelle osedax abrite en elle environ 75 mâles beaucoup plus petits, de quoi être sûre d’assurer une reproduction régulière.

Les mammifères marins ne sont pas prêts de faire de vieux os.

 

Sources :

- Deep-sea worms eat found to eat fish bones , Biology Letters , 13.04.2011, Physorg.com, 14 idem.
– The bizarre life of bone-eating worms , BMC Biology , 09.11.2009, Physorg.com, idem.
– A unique marine symbiosis is studied , Physorg.com, 23.09.2005.

 

JEAN-LUC MENARD