Haute attitude

Les oies à tête barrée tiennent leur nom des bandes sombres qui figurent à l’arrière de leurs têtes. Au printemps et à l’automne, elles migrent vers les hauts plateaux Chinois ou Mongols, et inversement. Pour ce faire, elles doivent franchir les plus hauts sommets Himalayens.
Leurs poumons sont plus grands que ceux des autres variétés d’oies, et la densité plus élevée des vaisseaux sanguins dans les muscles de leurs ailes permettent à l’oxygène d’y être plus rapidement acheminé et diffusé.
C’est pourquoi elles peuvent voler jusqu’à 9000 mètres d’altitude, ce qui, pour un humain, reviendrait à pouvoir courir un marathon aux mêmes hauteurs que celles atteintes par un vol commercial d’avion.
Sans nécessiter de complexe appareillage, les oies à tête barrée disposent également d’informations météorologiques aussi fiables que celles des alpinistes.
Par exemple, en s’envolant du niveau des mers, les oies mettent 8 heures pour franchir l’Everest d’une seule traite : les cordées les aperçoivent exactement durant les mêmes fenêtres météo que ces escaladeurs utilisent.
Les oies à tête barrée savent donc en partant que le temps y sera calme 8 heures plus tard.

 

Sources :

- The trans-Himalayan flights of bar-headed geese,Proceedings of National Academy of Science, 31.05.2011 ; traduit en Français sur le site internet, Physorg.com, 07.06.id.
Invigorated muscle structure allows geese to have the Himalayas, Physorg, 28.07.2009.

Produits et comportements “verts”(2): mangez du poisson

En 1950, chaque personne consommait en moyenne 3 kgs de poissons durant l’année, aujourd’hui, 17 kgs. Cette multiplication par (presque) 6, alors que, sur la même période, la population mondiale n’a été multipliée que par 2,8, génère de nombreux impacts.
Tout d’abord,une réduction drastique :
-31% des espèces de poissons sont surexploitées (cabillaud : 93% pêchés avant d’avoir pu se reproduire ; espadon : pouvant peser 1 tonne, il est autorisé de le prendre à partir de 20 kgs ; colin, églefin, capelan, mulet, maquereau, merlu,…)
-54% sont au maximum de leur exploitation (flétan : particulièrement concerné par l’extension de ses zones de pêche due à l’absence de glaces provoquée par le réchauffement global ; bar : la moitié pêché avant d’avoir pu se reproduire ; carrelet, lieu, sole,…)
-15% sont en exploitation modérée (hareng, merlan, raie, thon,…)
Quant aux poissons de petite taille (sardine, anchois, éperlan,…), ils sont surcapturés afin d’être transformés en farine qui nourrit les pensionnaires des bassins d’aquaculture : il faut en effet 4 kgs de poissons sauvages pour obtenir 1 kg de poisson d’élevage.
Ensuite, à l’instar de la plupart des activités professionnelles, l’insincérité des pêcheurs est patente.
Ainsi entre autres exemples, de 1950 et 2006, les prises déclarées dans l’arctique Amérasien s’élevaient-elles à 12700 tonnes chaque année, alors qu’elles se sont révélées être de 953000 tonnes, soit 75 fois plus.
Il est très probable que ces sous-déclarations soient systématisées sur l’ensemble des lieux de pêche mondiaux, et que les 500 millions de personnes vivant directement et indirectement de cette activité n’y trouvent d’autant moins à redire que la seule façon de stopper la surpêche serait une interdiction d’accès à 1/3 des mers et océans pendant 10 ans.
La raréfaction des ressources marines alimentaires mène à une avancée continue du jour du dépassement, c’est-à-dire celui où les ichtyophages en ont consommé davantage que ce que la nature peut en produire durant un an : en 2011 dans l’Union Européenne, ce jour fut le 9 juillet : tout poisson mangé postérieurement venait forcément d’autres mers que celles la baignant.
A cet égard, il faut aujourd’hui parcourir 17 fois plus de distance, utiliser 17 fois plus d’énergie etc… pour capturer la même quantité de poissons qu’en 1889 : à 3 litres de gazole nécessaires pour prendre 1 kg de poisson, ce dernier est donc aussi carboné que la viande : la pêche est autant émettrice de gaz à effet de serre que l’élevage bovin et ovin.
Manger beaucoup plus de poissons qu’auparavant conduit aussi à capturer ceux vivant dans les grands fonds : à l’aide de filets de 500 mètres de large évoluant à 2000 mètres de profondeur, 70 espèces en sont ainsi remontées.
Mais seulement une dizaine est commercialisée (baudroie, lingue, mostelle, sébaste, grenadier, empereur, sabre,…), la soixantaine d’autres étant rejetée morte à la mer.
Tout ceci a pour conséquence que, chaque année, les fonds remués par la pêche planétaire représentent 2 fois la surface des Etats-Unis, endommageant gravement de nombreux écosystèmes.
L’exploitation des gaz de schistes, l’élevage intensif, l’exploitation minière… : aucune de ces activités, ni aucune autre, ne s’étend chaque année sur 2 fois la surface des U.S.A. En ce sens, manger du poisson est la plus grande prédation environnementale existante.
Le poisson, c’est bon pour la santé : serinée depuis des décennies, cette antienne est loin de correspondre à la réalité.
Les poissons d’eau douce comme d’eau de mer sont en effet perclus de substances toxiques pour les organismes humains (et aussi pour les poissons eux-mêmes) :
-1,7 fois plus d’arsenic que la normale
– 3,5 fois plus de mercure, surtout dans les lottes, bars, flétans, thons ,raies, dorades, anguilles, brochets… car il se concentre, à un volume augmenté d’un million de fois, davantage dans les muscles que dans les tissus (rappelons que le mercure favorise, notamment, des perturbations du système nerveux, du cœur, des systèmes immunitaires,…)
– du polychlorobiphényle(pcb) en telle quantité que manger du maquereau, de la sardine, du saumon, du hareng,… 2 fois par semaine équivaut à en ingérer une dose dépassant la norme admise, et 4 fois celle-ci avec de l’anguille, de la brème, du gardon,… (rappelons que les pcb favorisent, notamment, la détérioration des neurones, du système hormonal, ainsi que les survenances des cancers du foie et de la vésicule biliaire).
– enfin, celles et ceux mangeant les 84 millions de tonnes de poissons pêchées chaque année ingèrent en même temps les 18000 tonnes de plastiques qu’ils contiennent.
Ces substances, et bien d’autres, sont présentes dans toutes les eaux douces et marines à des taux de concentration en général très élevés : la plupart des cours d’eau du Gard, la mer des Caraïbes, la Saône, la mer Baltique, la Marne, le lac Erié, la baie de Seine,… étant particulièrement touchés.

 

 

Sources :

- Task forcerezcommends reducing global harvest of « forage fish”, Physorg, 03.04.2012.
– L’urgence à stopper la surexploitation des Abysses, Le Monde, 15.10.2011.
– Poissons : friture sur la ligne, Viva, 09.2011.
-  Fish consumption at all time, Physorg, 31.01.2011.
Artic fisheriescatches in Russia,UnitedStates,and Canada : baselines for neglected ecosystems, Polar Biology, 29.01.2011; Physorg, 04.02.idem.
– Dans la Seine,la chair à poisson serait du poison, 20’, 19.05.2010.
- The effects of 118 years of industrial fishing on U.K.bottom trawl fisheries, Nature, 04.05.2010; en Français sur le site internet Science Daily.com, 05. idem.
Mercury is higher in some tuna species,accordinf for dna barcoding, Physorg, 21.04.2010.
-Call for fishing ban in a third of oceans, The Observer.com, 26.04.2009.
- Bottom trawling impacts clearly visible from space, Physorg, 15.02.2008.
– Store-brought freshwater fish contain elevated levels of mercury,arsenic and selenium, Physorg, 07.11.2007.
– Mercury can travel long distance, Physorg, 12.12.2005.

Statégies séductrices

Depuis environ 300 millions d’années qu’un certain nombre de végétaux ont commencé à se diversifier par la pollinisation, les actuelles espèces de plantes en ayant besoin rivalisent d’ingéniosité dans les moyens de parvenir à cette fin.
L’émanation est un outil souvent employé avec succès.
Ainsi, une centaine de variétés d’orchidéés d’Afrique du Sud produisent-elles une huile volatile dans le but de se concilier les bonnes grâces d’abeilles sauvages.
Loin de l’habituel nectar, cette huile dégage une odeur acre proche de celle du pétrole : composée en moyenne de 26 éléments chimiques naturelles, cette fragrance pétrolifère éloigne les narines humaines, mais connaît un franc succès auprès d’abeilles qui se régalent de cette huile…et emmènent avec elles de petits paquets jaunes de pollen accrochés à leurs pattes.
L’incitation prend de multiples formes lorsque des plantes veulent convaincre des animaux de contribuer à leur prospérité. A cet égard, la couleur pourpre arborée par certains végétaux se révèle être un atout gagnant :
– elle attire les herbivores qui consomment leurs graines dont une partie est restituée intacte dans leurs déjections, souvent à de grandes distances du lieu où elles ont été ingérées
– les rayures rouges violacées sont autant de voies d’accès vers le nectar, situé au centre de la fleur pour les insectes sacrifiant au péché de gourmandise.
L’imitation ne manque pas de figurer dans cette panoplie de charmes envoutants.
A ce titre, depuis environ 97 millions d’années, une variété d’arum, Rubescens Homalomena, s’est appropriée l’odeur d’une variété de scarabée afin de l’inciter à la polliniser.
Décidément, tous les goûts sont dans la nature.

 

Sources :

- Plants mimic scent of pollinating beetles, Physorg, 03.04.2012.
– For certain orchids,relatives more important than pollinators in shaping floral attractants, Physorg, 26.10.2011.
– The power of purple, Physorg, 09.02.2011.

 

JEAN-LUC MENARD