Noli me tangere !

Le rotifère bdelloid est un micro-organisme vivant essentiellement en eau douce.

Son nom lui vient d’une paire de cils en forme d’hélices, tourbillonnant en sens inverse autour de sa bouche afin d’y rabattre eau et nourriture.

Composée presque toujours de femelles se reproduisant par clonage, cette espèce contribue à épurer les eaux dulcicoles depuis environ 30 millions d’années.

Lorsqu’un rotifère bdelloid se sent menacé par un virus, un parasite ou un danger environnemental, il enclenche un processus d’autodéssèchement qui le réduit à l’état de poussière, état qu’il peut conserver pendant plusieurs années, poussière que les vents emportent loin de la menace qu’il a identifiée.

C’est jusqu’à parfois plusieurs centaines de kilomètres de distance qu’il reprend son état originel, poursuivant ainsi son existence sans encombres.

Bon nombre des environ 30 millions d’espèces peuplant actuellement la terre disposent de mécanismes aussi efficaces, ou modifient radicalement leurs comportements, afin d’échapper, souvent avec succès, aux bouleversements écologiques déclenchés par l’espèce humaine qui, pour sa part, n’a pas de telles dispositions, ni ne veut changer son mode de vie  : elle favorise ainsi d’autant plus un avenir des plus hypothétiques pour elle-même.

 

Source :

- Like little escape artists,rotifers elude their ennemies by drying up and-poof !, traduit en français sur Newswise.com, 26.01.2010.

 

Produits et comportements “verts”(3): le bois

Le bois est un combustible écologique : cette assertion est largement erronée, sa combustion ayant au moins trois conséquences aussi défavorables sur l’environnement que les autres sources d’énergie .

La première est de fournir une part importante de la pollution atmosphérique.

En effet, 10 sortes de gaz et 11 sortes de particules s’échappent du bois en train d’être brûlé.

Parmi eux, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (benzoprène,…), des crésols, du dioxyde de souffre, du monoxyde de carbone, etc, favorisent plusieurs variétés de cancers.

Les particules fines et ultrafines issues de la combustion de bois favorisent également les pathologies cardio-vasculaires et respiratoires.

De ces émanations ne manquent pas non plus d’abonder une pollution atmosphérique permanente :

- au-dessus de l’Union Européenne, jusqu’à parfois 9000m d’altitude, 60 % des polluants en suspension en sont issus ;

- en Grèce, la crise financière fait privilégier le chauffage au bois, moins onéreux que les combustibles fossiles :

- à Athènes, la concentration de particules peut désormais atteindre 150 microgrammes/m3 atmosphérique (50 microgrammes est la norme Européenne, mais 20 sont considérés comme neutres sanitairement) ;

- à Salonique, ce sont 73 micgs/m3 qui planent en permanence ;

- à Thessalonique, la pollution atmosphérique a augmentè de 17 % ;

etc…

-  En Ile-de-France, cette dernière est composée pour 20 % de son total par les particules fines et ultrafines émanant de la combustion de bois, le trafic routier fornissant 25 % de la pollution Francilienne ;

Etc…

Tout cela n’a rien d’étonnant : le bois brûlé dégage en effet 30 fois plus de microparticules que le pétrole consumé.

Conséquemment, un chauffage au bois de moyenne qualité ne met que 9 heures à libérer autant de microparticules qu’une voiture de puissance moyenne parcourant 20000 kms,un chauffage au bois très performant 2 jours .

La seconde conséquence défavorable à l’environnement de la combustion de bois est l’aggravation du réchauffement climatique.

Le noir de carbone(suie) qui en émane se dépose sur les 200000 glaciers planétaires, assombrissant leurs surfaces et accélérant ainsi leurs fontes,ce qui réduit d’autant la part du rayonnement solaire renvoyé vers l’espace par de moins en moins d’étendues glacées.

Par ailleurs, brûler du bois revient à consumer le cycle entier du carbone qui s’y trouve stocké, c’est-à-dire brûler du carbone à ses différentes étapes de transformation, alors que consumer du carbone fossilisé c’est le brûler seulement à son dernier stade de transformation : c’est pourquoi le bois consumé émet en moyenne 45 % de plus de co2 que le charbon, et 300 % de plus que le gaz naturel.

Au surplus,utiliser du bois pour chauffer ou produire de l’électricité revient à dépeupler les forêts et ainsi réduire leurs capacités de stockage du co2 : à l’échelle planétaire, entre 2005 et 2010, ce sont 500 millions de tonnes de co2 stockés qui ont disparu du fait de ces deux utilisations.

Aux Etats-Unis, ces usages du bois consomment chaque année des arbres qui occupaient 119000 kms2 (soit la surface de l’état de Pennsylvanie), et les 15 millions de poëles à bois consomment 1/5e des forêts Américaines annuellement.

La troisième conséquence est une perte de biodiversité végétale et animale.

En effet, les utilisations du bois susmentionnées conduisent à faire occuper de vastes espaces forestiers par un petit nombre d’essences à « croissance rapide » (mais mettant quand même 20 ans à devenir des arbres « consommables »), ce qui réduit le nombre d’essences présentes, d’une part, et ce qui favorise la prolifération de parasites (dendroctones, scolytes …) non dissuadée par la multiplicité des essences, d’autre part.

En outre, la litière forestière faite d’arbres morts et de déchets de bois laissés dans les forêts ne fournit plus de services écologiques à de petits mammifères (tamias, campagnols, musaraignes,…)dont les populations sont régulées par des martres…, entres autres exemples de biodiversité animale disparue.

Cela est d’autant plus regrettable qu’au bout de 100ans,les arbres laissés sur place après leurs trépas contiennent encore 15 %du co2 qu’ils avaient séquestré durant leurs vies, alors que ceux brûlés libèrent instantanément la totalité du co2 qu’ils contiennent…

 

Sources :

- Relancé par la crise,le chauffage au bois couvre Athènes d’un nuage de particules, Le Monde, 09.01.2013.
– La santé des Grecs se consume dans les poëles à bois, Libération, 07.01.2013.
– Wood-burning sets off pollution alarm bells in Athens,traduit en Français sur Physorg.com, 28.12.2012.
– Forestry’s waste wood offers habitat for small forest-floor animals, Newswise, 24.10.2012.
– Wood-burning stoves:harmful or safe ?, Physorg, 17.01.2012.
– Replacing coal with biomass electricity is no climate solution, traduit en Français sur Treehugger.com, 12.09.2011.
– Is burning wood for heat really green?, Treehugger, 06.06.2011.
– New study sally reputation of biomass as clean and green, Physorg, 28.03.2011.
– Air pollutants from fireplaces and wood-burning stoves raise health concerns, Physorg, 06.02.2011.
– Burning wood may do more harm than good, Treehugger, 27.09.2010.
– Burning Ohio trees at Burger sets fire to debate, traduit en Français sur Ohio.com, 01.08.2010.
– Biomass worse than coal, Treehugger, 12.06.2010.
– Wood power worse for climate than coal,traduit en Français sur Boston.com, 11.06.2010.
– Biomass,a burning issue, traduit en Français sur AECB.net, 2010.
– Montreal plans ban on wood stoves, Treehugger, 05.02.2009.
– Wood stove emissions law in Germany, Treehugger, 12.03.2006.

Précieux contrôle naturel en perdition

Les ripisylves sont des écosystemes croissant le long des cours d’eau, tant en zones tempérées que tropicales.

Ces importantes densités végétales peuvent compter jusqu’à 50 essences d’arbres différentes (comme par exemple dans certaines zones ripariennes du Rhin et du Rhône), ou aller jusqu’à susciter de nombreuses espèces de poissons frugivores, comme en Amazonie.

Mais c’est la capacité de la végétation ripicole à absorber l’azote qui est le plus notable : jusqu’en 1895, les ripisylves planétaires contrôlaient quasiment la moitié de l’azote et de ses dérivés émis mondialement.

En effet, les arbres absorbent les nitrates pour leurs croissances, ce qui en réduit la teneur dans les eaux ripariennes.

Les feuilles, débris ligneux, branchages, mousses aquatiques, nématodes(vers ronds) et divers micro-organismes capturent l’azote et en neutralisent la plus grande part.

L’association de ces deux mécanismes naturels fait que les eaux ripariennes contiennent beaucoup plus d’oxygène que d’azote et ses dérivés : les bactéries d’eau douce n’ont alors pas besoin de les consommer, car il y a suffisamment d’oxygène pour qu’elles puissent vivre : conséquemment, l’azote et ses dérivés ne rejoignent pas l’atmosphère, ce qui est le cas à chaque fois que ces bactéries sont obligées de s’en servir pour assurer leurs existences .

Outre cette régulation, les ripisylves assurent d’autres services écologiques : havres de fraîcheur en période de sécheresse ; réduction de lumière solaire dans les eaux, ce qui défavorise les efflorescences algales indésirables ; entraves à l’érosion etc…

Mais la disparition de ces écosystèmes associée à la très forte augmentation de l’utilisation de l’azote artificiel (engrais…) ne permettent plus aux ripisylves d’en contrôler la quantité : c’est pourquoi des volumes de plus en plus importants des divers oxydes d’azote se retrouvent aujourd’hui dans l’atmosphère, contribuant entre autres méfaits, à détruire le pourtant indispensable écran d’ozone .

 

Sources :

- Forested riparian zones important to nitrogen control and stream health, Physorg, 21.02.2012.
– Streams need trees to withstand climate change, Physorg, 10.02.2012.
– Farmers and ranchers served by stream bank biodiversity, Physorg, 13.10.2010.

 

JEAN-LUC MENARD