Fraîcheurs et froidures récurrentes

Entre 1979 et 2010, 1 million de km2 de glace de mer a été perdu en Arctique et, simultanément, une hausse de la couverture neigeuse a été observée dans les parties septentrionales et centrales de l’hémisphère Nord.

Existe-t-il un lien de cause à effet entre ces deux phénomènes ?

Il semble bien que oui.

En raison de la progression continue des émissions de gaz de serre (42 milliards de tonnes en 2012), la température en Arctique a augmenté, en moyenne, de 3° C dans l’atmosphère, et de 5° C dans l’océan (alors qu’il faut pourtant 1000 fois plus d’énergie pour élever une température d’océan qu’il n’en faut pour accroître celle d’une atmosphère).

Le niveau estival le plus bas de la glace de mer Arctique représentait :

-  8, 5 millions de kms2 en l’an 600

- 7 en 1980

- 3, 4 en 2012.

Or, toute surface blanche renvoie au moins 80 % du rayonnement solaire vers l’espace, alors qu’une étendue plus sombre absorbe la force radiative du soleil : c’est ce dernier phénomène qui se produit avec de la mer remplaçant de la glace.

Une bonne partie de cette chaleur supplémentaire absorbée par un océan Arctique davantage liquide que gelé est restituée, à l’automne, à l’atmosphère Arctique.

 Ce supplément d’air chaud installe alors plus de hautes pressions atmosphériques au-dessus d’une mer Arctique plus étendue et affaiblit le vortex polaire (la partie polaire du vent cyclonique soufflant en permanence autour de la terre, entre 7, 5 et 33, 5 km d’altitude ) : des masses d’air froid ne circulent alors plus en boucle autour du pôle Nord et prennent la direction du sud.

 

Cependant, ce phénomène ne se produit pas uniformément, le front polaire ne s’ouvrant que là où les hautes pressions atmosphériques sont dominantes, laissant alors passer de l’air froid : c’est pourquoi, depuis une dizaine d’années, l’ensemble de l’Amérique du Nord et de l’Europe, l’Eurasie septentrionale, ainsi que le Centre et le Nord de la Chine (via respectivement le désert de Gobi et la Sibérie) connaissent certaines années des automnes, hivers et printemps marqués par des températures inférieures de 5 à 6° C aux normales saisonnières.

A l’inverse, lorsque des parties du front polaire sont dominées par de basses pressions atmosphériques, elles conservent l’air froid : ces mêmes régions planétaires observent alors des températures supérieures à 5 à 6 degrés aux normales au cours des saisons précitées, conséquences usuelles de tout réchauffement global.

Par ailleurs, davantage de mer Arctique produit davantage de vapeur d’eau et d’humidité dans l’atmosphère Arctique : ceci a pour conséquence d’intensifier les tempêtes de neige dans les régions planétaires et aux saisons susmentionnées, ainsi que les tempêtes de grêle :  en  moyenne, 175 grêlons d’au moins 5 cm de diamètre s’y abattait en 1900 lors de chaque chute de grêle, alors qu’en 2011 ils étaient 1000, en moyenne également à chaque événement de cette nature.

Enfin, l’ensemble de la cryosphère, c’est-à-dire les espaces planétaires dominés par de l’eau sous forme solide (glace de mer ; neige ; lacs, rivières,  … gelés ; glaciers ; calottes glaciaires ; sols gelés) a absorbé 30 % d’énergie solaire supplémentaire entre 1979 et 2008 sous l’effet du réchauffement climatique : par exemple, en 1980, le Groenland renvoyait 80 % du rayonnement solaire vers l’espace, alors qu’en 2012 il n’en renvoyait plus que 64 %.

Très prometteur.

 

Sources :

- Is global warning causing harsher winters ? Traduit en Français sur le site internet Physorg.com, à la date du 28.03.2013.

- Extreme hail causes billions in dammage, idem sur le site : Climate change, the next generation, 01.08.2012.

- Artic ice melt sets stage for cold weather, Physorg, 06.06.2012.

- Artic sea ice decline may be driving snowy winters seen in recent years, Physorg, 27.02.2012.

- Correlation between summer Artic sea ice cover and winter weather in Central Europe, Physorg, 01.02.2012.

- Cold winters caused by warmer summers, Physorg, 12.01.2012.

- Global warming means more snowstorms, Physorg, 01.03.2011.

- Loss of reflectivity in the Artic doubles estimate of climate models, Physorg, 18.01.2011.

- Biting winters driven by global warming, Physorg, 21.12.2010.

- Europe and US to see snowy and cold winters, Physorg, 17.06.2010.

- Where’s the heat ? Think deep blue, Physorg, 25.08.2005.

 

Produits et comportements “verts” (5) :  faites du vélo !

Les pistes cyclables urbaines sont usuellement présentées comme autant d’initiatives écologiques bienfaisantes, car symboles de reconquêtes d’espaces « verts ».

Beaucoup moins bucoliques sont portant les conséquences sanitaires pour les usagers de ces voies particulières.

Le télescopage entre la pollution atmosphérique qui y règne et les efforts physiques qu’ils produisent à l’intérieur de cette pollution se traduit par l’inhalation de 5, 5 millions de microparticules/mètre parcouru à vélo (soit 4, 5 fois plus que ce qu’absorbe un passager d’une voiture ) et de 16 fois plus de polluants qu’un piéton : quelqu’un qui reste immobile pendant 8 heures au bord d’une voie urbaine n’absorbe pas davantage de particules polluantes qu’une personne y pédalant 30 minutes.

30 minutes d’exposition aux suies des moteurs diesel, c’est précisément le temps qu’elles mettent pour commencer à affecter le cerveau : les particules de suie qui se déposent dans ses tissus déclenchent un stress oxydatif qui le conduit à diminuer ses capacités de traitement des informations : des expositions répétées favorisent alors le déclenchement des maladies de Parkinson et d’Alzheimer.

Par ailleurs, les particules de dioxyde d’azote sont peu solubles et atteignent aisément les bronchioles et alvéoles pulmonaires, pénètrent dans le sang, favorisant oedèmes, cancers, insuffisances respiratoires…

Pédaler au sein d’une pollution atmosphérique ne manque pas non plus d’être précurseur d’asthme, d’angines, d’infarctus…

Bien évidemment, tout piéton et automobiliste vivant dans des agglomérations urbaines subissent aussi ces favorisations de pathologies, mais sans les amplifications ci-dessus décrites.

Compte tenu de ces dernières, très nombreux sont les lieux urbains où il ne fait pas bon vélocipéder :

- Miami où chaque kilo de sol urbain contient plus de 1000 microgrammes de 16 polluants,  dont le très cancérogène benzopyrène

- les villes espagnoles et allemandes, l’Espagne et l’Allemagne occupant respectivement les première et deuxième places pour la pollution atmosphérique dans l’Europe des 28 (alors que ces deux pays sont pourtant co-leaders européens en matière d’énergies renouvelables… )

- les 5 voies Parisiennes les plus polluées :

- place Victor et Hélène Basch (14e arrt )

- l’avenue des Champs Elysées (80000 véhicules / jour ), 8e arrt

- place de l’Opéra (9e arrt )

- bd Haussmann (8e et 9e arrt)

- rue Ordener (18e arr )

Etc…

 

Tout cela est de plus aggravé par trois phénomènes.

Le premier est que la pollution atmosphérique mesurée est seulement celle émanant des gaz d’échappement, qui ne représente qu’1/3 de la pollution réelle : les 2 autres tiers, qui n’apparaissent dans aucun comptage nulle part sur la planète, sont constitués par des particules d’usure des véhicules et des voies qu’ils empruntent.

Ainsi, l’abrasion des plaquettes de frein libèrent-elles des microparticules de fer, cuivre, antimoine et baryum, celle des pneus des particules cadmium, plomb (employé pour équilibrer les dits pneus), zinc (utilisé comme activateur de vulcanisation) ; les chaussées laissent échapper des particules du bitume dont elles sont revêtues, auxquelles se mêlent celles des sels de dégivrage répandues l’hiver.

Etc…

 

Ces microparticules sont en suspension permanente dans l’atmosphère, à l’instar de celles des gaz d’échappement, et favorisent aussi les pathologies sus-mentionnées : par exemple, les particules d’usure des freins et pneus endommagent les jonctions entre les cellules pulmonaires.

Le second phénomène d’aggravation est formé d’un ensemble de réalisations présentées comme améliorant la situation :

- les filtres qui éliminent certaines particules émises par les moteurs diesel au prix d’une sensible augmentation d’émissions de particules de dioxyde d’azote, ce qui, par exemple à Paris, amène à avoir autant de pollution atmosphérique, alors que la circulation automobile y a diminué de 25 %.

- les véhicules électriques dont les moteurs et batteries sont faits de matériaux (nickel, aluminium, manganèse…) deux fois plus nocifs que ceux des véhicules à essence, gages d’émissions de particules d’usure encore pires que les actuelles.

Etc…

 

Le troisième phénomène aggravant est que toutes ces sortes de pollution atmosphérique circulent partout sur la planète, rendant illusoires les tentations de sanctuariser des villes par des péages urbains, des interdictions de faire circuler des véhicules anciens…

En effet :

- 29 % du plomb atmosphérique présent en Californie vient d’Asie, après un voyage de 11000 kms,

- 68 % des particules en suspension en Ile-de-France proviennent du Nord et de l’Est de l’Europe,

- 6,5 millions de tonnes d’azote émises aux USA arrivent en Europe Occidentale où elles s’y transforment en oxyde d’azote,

- 15 % de la pollution atmosphérique des USA provient d’Asie et d’Europe,

- les particules émises par les incendies des forêts indonésiennes investissent Singapour et Hong-Kong, celles d’Alaska vont jusqu’au Texas,

- la pollution atmosphérique chinoise recouvre régulièrement le Japon,

Etc…

 

Qui plus est, cette pollution atmosphérique venant d’ailleurs n’est jamais, à elle seule, dans des seuils d’exposition en dessous desquels elle ne présente aucun danger : en d’autres termes, même sans émissions « indigènes », une agglomération urbaine dépasserait toujours les normes sanitaires du seul fait des polluants venant de sources d’émissions éloignées.

Pratiquer des activités physiques (vélo, jogging, marathons de New-York, Londres…) dans de telles conditions n’est pas vraiment recommandable : on peut s’étonner de la présence de dizaines de stades et terrains d’entraînement sportif aux abords de l’autoroute urbaine la plus fréquentée d’Europe (270000 véhicules chaque jour), à savoir le boulevard périphérique parisien, où des scolaires se dépensent allègrement, alors que leurs systèmes immunitaires en cours de formation laissent entrer encore plus facilement des particules dans leurs organismes…

 

Sources :

- La pollution atmosphérique reste massive en Ile de France, Le Monde, 29.03.2013.

- L’état de l’air rue par rue, Direct Matin, 28.03.2013.

- Exhaust fume only third of traffic pollution problem, Physorg, 04.06.2013.

- Comparative environmental life cycle assessment of conventional and electric, Journal of industrial ecology, 04.10.2012, traduit en Français sur BBC News.com.

- We need to reduce dust from brakes, tires, traduit en Français sur Treehugger.com, 18.06.2012.

- Asian emissions contribute to air pollution in Western U.S, Physorg, 02.03.2012,

- 12 countries exceed Europe Union limits on air pollutants, Treehugger, 23.02.2012.

- L’Ile de France importe sa pollution, 20 minutes, 15.09.2011.

- Polluted cities choke pedal-powered residents with dirty nanoparticles, Treehugger, 04.06.2010.

- Miami’s soils are “heavily contaminated” with vehicle-exhaust pollutants, Physorg, 18.05.2012.

- Particles from car brakes harm lung cells, Physorg, 20.11.2009.

- Air pollutants from abroad : a growing concern, Physorg, 29.09.2009.

- Even low level of air pollution can impair lung function in healthy cyclists, traduit en français sur Respnsesource.com, 14.09.2008.

- Diesel exhaust inhalation stresses your brain, Physorg, 11.03.2008.

- Foreign ozone emissions lower U.S. air quality, Physorg, 13.12.2007.

- Imported pollution tied to poor air quality in Texas, Physorg, 21.09.2006.

- Urban roadside dirt reveals potentially toxic mix of metals, Physorg, 29.06.2006.

- U.S. exports nitrogen pollution elsewhere, Physorg, 17.03.2005.

 

Pas folle, la guêpe

De minuscules mouches blanches, les aleurodes, parasitent des centaines d’espèces de végétaux, notamment les aubergines, fushias, tomates,  dont ils sont particulièrement friands.

De minuscules papillons, les mineuses, ravagent les marronniers.

Les mouches du rivage attaquent les cultures de légumes en serre, la laitue ou le céleri par exemple.

Une seule solution à ces multiples prédations : les guêpes.

Des dizaines d’espèces de ces hyménoptères ont en effet  une façon bien à elles d’éviter la prolifération de ces ravageurs.

Elles pondent leurs œufs au sein de ces insectes ou de leurs larves, et, une fois éclos, ces occupants les dévorent de l’intérieur

Si ces hôtes involontaires s’avisaient de tenter de se protéger de ces intrus, il leur arriverait certainement ce qui survient à plusieurs espèces de cafards, elles aussi victimes de ces pontes intempestives.

Ces blattes ont beau disposer d’une bactérie (Serriata Marcescens en l’occurrence), mortelle pour les larves des guêpes Emeraude, ces dernières sécrètent un liquide désinfectant dont elles tapissent, du sol au plafond si l’on peut dire, les intérieurs des cafards : elles peuvent ensuite les consommer en toute sécurité.

Ces procédés, bien que peu ragoutants, font partie des régulations naturelles qui évitent la croissance exponentielle des parasites de toute sorte, et qui contribuent à rendre possible la perpétuation de centaines de végétaux, tant sauvages que cultivés.

 

Sources :

- Researchers discover wasp larva disinfect their food before eating, Physorg, 08.01.2013.

- Parasitoid wasps protect lettuce and celery from pests, Phys, 05.07.2011.

- Can wasps help save conker trees ?, Phys, 09.07.2010.

- Tiny U.K. parasitoid wasp discovered, Phys, 20.10.2009.

 

JEAN-LUC MENARD