Chaleur Norvégienne

Sans lien avec le réchauffement global, la Norvège a toujours joui d’une température moyenne annuelle de 5 à 10 degrés plus chaudes que celles régnant sur des régions planétaires situées à la même latitude qu’elle.
C’est à un double phénomène naturel, air et eau, que ce pays doit cette douceur inattendue.
L’air : celui venant de l’est de l’Amérique du Nord est contraint de contourner les Montagnes Rocheuses, se chargeant alors de chaleur et d’humidité qu’il absorbe et qu’il répandra, plusieurs milliers de kms plus loin, sur la Norvège.
L’eau : les vents du Nord chassent l’eau froide des côtes Norvégiennes par le détroit du Danemark (entre Islande et Groenland), tandis que les masses d’eau réchauffées de la dérive Nord-Atlantique (improprement appelée Gulf Stream) arrivent dans la mer de Norvège.
Ce courant chaud a un débit proprement hallucinant : chaque seconde, ce sont 8,5 millions de ms3 qui s’y déversent, 7 fois plus que le total des rejets de tous les cours d’eau planétaires dans tous les océans et mers (soit 1,2 million de ms3).
Il n’est alors pas surprenant, qu’entre autres conséquences, ces deux phénomènes fassent de Bergen, ville située au Sud-Ouest de la Norvège, la cité la plus arrosée d’Europe : 2250 mms de précipitations/an, avec un record de 85 jours consécutifs de pluies établi entre Octobre 2006 et Janvier 2007.

 

Sources :

- Cold wind makes Norvegian sea warmer, en Français sur Physorg.com,11.10.2012.
- North America Rocky Mountains affect Norway’s climate, en Français sur Science Daily.com, 06.09.2012.

Produits et comportements « verts » (7) : ne mangez pas de viande !

Blâmés pour leurs émissions de gaz de méthane, gaz de serre en moyenne 25 fois plus puissant que le C02, les systèmes entériques des bovins et ovins condamnent de fait la consommation de viande.
Qu’en est-il réellement de cette assertion ? D’autres modes d’élevage atténuent-ils ce constat ? Des conséquences heureuses pour l’environnement n’en résultent-elles pas ? Les autres aliments sont-ils écologiquement plus vertueux ?
Tout d’abord, un classement des espèces selon leurs consommations de viande montre que l’espèce humaine est loin d’être leader dans ce comportement.
Sur une échelle allant de 1 à 5, croissante en fonction de la part carnée de leur alimentation, un humain occupe, en moyenne, l’indice 2, 21, révélateur d’une consommation alimentaire où la viande est légèrement minoritaire, à l’instar, entre autres, de l’anchois qui est classé au même indice (car mangeant un peu plus de phytoplancton que de zooplancton), et à l’inverse des tigres, crocodiles, et de nombreuses autres espèces, qui occupent l’indice 5.
Ensuite, la part de l’élevage dans l’émission totale de gaz de serre n’apparaît pas très élevée : aux USA, elle s’élève à 3%, alors que ce pays ne passe pas pour avoir des pratiques pastorales exemplaires : il est alors peu probable que ce pourcentage soit plus élevé à l’échelle mondiale.  

 

Par ailleurs, de nombreux modes d’élevage sont d’ores et déjà pratiqués dans le double but de restreindre les émissions de méthane et d’augmenter les quantités de viande et de lait/animal.
C’est ainsi qu’une alimentation de bovins fondée sur des graines de lin, de la luzerne, des graminées, etc…, plutôt que sur du maïs ou du soja, rééquilibre leurs rumens (la première chambre digestive) par leurs apports en acide gras omega 3,  et se traduit par une baisse de 15% de leurs rôts méthanogènes.
Pour les moutons, la chicorée remplit le même office.
Biserula Pelecinus, une légumineuse,  proche de l’astragale, présente en Europe, Erythrée, Maroc, …, divise par 10 les émissions de méthane des ovins qui en consomment.
L’ajout d’acide fumarique (contenu naturellement dans la plupart des fruits et de nombreux légumes) dans leur nourriture réduit de 70% ces mêmes émissions.
Etc…

 

Le sylvio-pastoralisme est un bon moyen naturel d’augmenter le poids et le lait du bétail sans recourir à des biais artificiels : un bovin passant 44 % de son temps à se reposer en ruminant à l’ombre des arbres d’une prairie donne effectivement davantage de lait et de viande.
A cet égard, faire paître chaque animal sur 5 hectares abrités d’arbres diversifiés est possible partout sur la planète.
En Colombie, le leucaena, un faux mimosa originaire du Mexique, fait d’autant plus apprécier son feuillage étalé du haut de ses 4 à 5 mètres, qu’à l’exemple de milliers d’autres espèces arbustives, il aime particulièrement la sécheresse : les aires d’implantations de ces thermophiles ne peuvent alors que s’accroître avec le réchauffement global…
En Australie, chamaecytisus palmensis, une sorte de luzerne, est un arbuste qui fournit du fourrage toute l’année, car il est toujours vert.
Etc…

 

Les écorces de grenade concentrent davantage d’antioxydants que le jus issu de ce fruit.
Les veaux qui en consomment acquièrent des niveaux plus élevés d’alpha-tocophénol, une forme de vitamine E.
Non seulement ils prennent ainsi plus de poids, mais une fois transformés en viande, cette dernière jouit d’une plus longue durée de conservation durant laquelle elle ne connaît aucune altération.
Ces enjeux de kgs de viande et de  litres de lait supplémentaires ne sont pas minces, car cela signifie moins d’animaux à élever, gage d’une stabilisation, voire d’une diminution, du cheptel mondial.
Ces exemples, pris parmi de nombreux autres, contribuent à exercer une influence bienfaisante sur les écosystèmes naturels.
En Afrique Orientale, le parcage du bétail pendant la nuit dans des zones de savane, les Bomas, produit des effets inattendus.
Abandonnées au bout d’un an pour d’autres zones, les tonnes de fumier laissées sur place les fertilisent alors et suscitent l’apparition d’un milieu naturel,  nettement distinct de la savane, dans lequel s’épanouissent sous-bois herbeux, arbres plus grands, beaucoup plus d’espèces d’insectes et une forte densité du gecko lygodactylus keniensis (un lézard) .
Même 100 ans après avoir été abandonnées par le bétail, ces traits distinctifs perdurent, et ces zones sont devenues depuis longtemps les pâturages préférées de générations successives d’herbivores sauvages.
Dans les montagnes du Sud-Ouest du Montana, les moutons contrôlent l’exubérance de l’euphorbe feuillue, dont les toxines ne les gênent pas, qui leur apporte un surcroît d’énergie (de part les tanins qu’il contient), au contraire des graminées qui enferment, pour la plupart d’entre elles,  de la silice,  ce qui leur confère un moindre apport énergétique.
Les comtés de Santa Clara et San Mateo, en Californie, comptent 5000 hectares de broussailles, souvent à l’origine d’incendies.
Elles représentent une trop grande étendue pour les tondre et un trop grand danger pour les brûler volontairement.
C’est pourquoi des vaches les pâturent, y favorisant par la même occasion les retours de multiples fleurs sauvages et d’insectes, dont des papillons en déclin, qui recouvrent là tout leur lustre.
Etc…

 

Quant aux vertus écologiques prêtées aux autres aliments que la viande, elles sont largement fantaisistes.
A 3 litres de gazole nécessaires pour en capturer 1 kg, les 160 millions de tonnes de poissons pêchées chaque année induisent au moins autant de gaz de serre que le parc mondial de bovins et ovins.
Le riz, l’aliment le plus consommé sur la planète, est en phase de doublement de ses émissions de méthane, car plus la température atmosphérique s’élève, plus les microorganismes qui lui sont inféodés en rejettent.
D’une manière plus générale, les fruits et légumes cultivés, à l’instar de tous les végétaux, émettent 100 â 1000 fois plus de méthane qu’habituellement.
En effet, la déplétion de l’écran d’ozone fait que davantage d’ultra-violets solaires atteignent la pectine, un des constituants des parois végétales planétaires, y stimulant ainsi les précurseurs du méthane qu’elle renferme.
Blé, orge, tournesol, pois, … : toutes les cultures de fruits et légumes émettent bien davantage de méthane que l’élevage : mangez 5 fruits et légumes par jour…
Aucun aliment n’est par conséquent plus vertueux écologiquement qu’un autre : aucune modification de la structure de consommation alimentaire humaine ne fera baisser les émissions de gaz de serre.
En revanche, des pistes relatives aux quantités totales de nourriture ingérées par les humains semblent en mesure d’atteindre cet objectif :
- aucun mammifère adulte sauvage ne boit de lait : est-il indispensable aux adultes humains ?
- ceux-ci ont-ils vraiment besoin de trois repas par jour ?
- les services à toute heure de millions de fast food, snacking, sandwicheries, restaurants,… sont à l’origine des déforestations massives pour laisser place aux élevages intensifs qui les fournissent en viande : sont-ils nécessaires  ?
Etc…

 

Sources :  

- Researchers calculate human trophic level for first time, Physorg, 03.12.2013.
- Sustainable and efficient livestock production with high biodiversity and good welfare for animals, Proceedings of the Royal Society 25.09.2013, en Français sur Science Daily.com, idem.
- Exotic legume improves livestock feeding, Physorg, 02.09.2013.
- Traditional ranching practices enhance African savanna, Physorg, 01.05.2013.
- More atmospheric co2, more greenhouse gas per grain of rice, Physorg, 23.10.2012.
- Lazing in the shade grows steaks, Physorg, 29.03.2012.
- Manger des fruits n’est pas bon pour la planète, Direct Matin, 12.12.2011.
- Pour une alimentation durable, INRA, éditions Quae, 2011.
- Dairy industry not to blame in greenhouse gas emissions, Physorg, 06.10.2010.
- Eating less meat and dairy products won’t have major impact on global warming, Physorg, 22.03.2010.
- Don’t blame cows for climate change, Physorg, 08.12.2009.
- Springtime sheep grazing helps control of leafy spurge, Physorg, .30.09.2009.
- Stressed crops emit more methane than thought, Physorg, 17.08.2009.
- Vt farmers cut cow’s emissions by altering diets, Physorg, 21.06.2009.
- Waste peel from pomegranate juice factories makes healthy cattle feed, Physorg, 08.12.2008.
- Methoxyl groups of plant pectin as a precursor of atmospheric methane, en Français sur New Phytologist.com, 09.05.2008.
- Effect of uv-radiation and temperature on the emission methane from plant biomass and structural components, en français sur Biogeoscience.com, 05.2008.
- Scientists look to cut flatulence, Physorg, 21.03.2008.
- Cows may come home to Californians preserves, Physorg, 13.11.2006.

Toujours plus haut !           

Parmi les 440 espèces de saxifrages, celle dite à fleurs opposées a été récemment repérée à 4505 mètres d’altitude dans les Alpes Suisses.
Cette plante ripicole, c’est-à-dire s’immisçant dans les fissures des roches, comme  la plupart de ses consoeurs, était pourtant censée jusqu’à présent ne pouvoir montrer le bout de ses fleurs roses ou violacées qu’à une hauteur maximale de 3800 mètres.
Malgré une amplitude thermique annuelle de 39 degrés, car coincée entre une température hivernale de -21 degrés et une estivale de + 18, elle s’épanouit durablement à ces sommets.
Bon nombre de plantes exotiques en font autant en Norvège : elles s’établissent à toutes les altitudes des montagnes, jusqu’à leur point de culmination (2500 m) et se maintiennent depuis pas mal d’années sur les 2/3 de ce pays qui sont montagneux.
Dans tous les écosystèmes d’Europe Centrale jusqu’à 3000 m, les températures ont augmenté de 0, 07 degrés chaque année entre 2003 et 2010 : en réaction, les plantes, papillons et oiseaux se sont respectivement installés 8, 38 et 42 m plus haut.
Etc…

 

Cette course vers les sommets n’est que l’une des nombreuses adaptations auxquelles la trentaine de millions d’espèces actuellement présentes sur terre ont recours afin de passer le cap du réchauffement global.
Associée aux pertes volontaires de poids et de tailles, de changements résolus de nourriture et d’énergie, etc…, la recherche de biotopes plus frais appartient à l’arsenal que déploient végétaux et animaux, tant macroscopiques que microscopiques, afin de poursuivre leurs existences.
Ils sont en effet habitués à l’alternance réchauffement/refroidissement qui anime la planète depuis des centaines de millions d’années.
Essentiellement déterminé par les variations de l’excentricité de l’orbite et de l’axe de rotation de la terre par rapport au soleil, ce va-et-vient rythme la vie des espèces actuelles depuis les millions d’années qu’elles sont sur la planète : rien que durant les 3 derniers millions d’années, pas moins de  60 phases de réchauffement s’y sont déroulées.

 

Néanmoins, deux points soulignent leurs remarquables comportements actuels :
- la plupart des réchauffements passés ont vu la température atmosphérique s’élever de 1 degré tous les 1000 ans : celui en cours atteint 1 degré de plus au bout d’à peine 260 ans.
- depuis environ l’an mil, les paramètres astronomiques mentionnés ci-dessus vont vers les points les plus éloignés du soleil, promettant ainsi des glaciations successives dans respectivement 5000, 20000 et 60000 ans : pourtant,  d’ores et déjà,  les 2/3 des espèces réagissent favorablement (et le dernier tiers suivra, à quelques exceptions près, dans les années et décennies qui viennent) à un réchauffement atypique, puisque déclenché artificiellement par les activités humaines.

 

Sources :  

- Not even freezing cold stops alien species in high altitudes, Physorg, 04.03.2014.
- Climate changes the distribution of plants and animals, Physorg, 08.01.2014.
- Flowering plant found at record 4505 ms in Swiss Alpes, Physorg, 24.05.2011.

 
 
  JEAN-LUC MENARD