Créateurs de diversités

Toutes les sortes d’écosystèmes existent grâce à la diversité des espèces animales et végétales, toutes les sortes d’espèces prospèrent via des écosystèmes perpétuellement renouvelés, les uns comme les autres étant en forte osmose.

Les zostères sont des plantes à fleurs, vivant le long des côtes tempérées et tropicales, qui se reproduisent soit par multiplication d’organes souterrains appelés rhizomes, soit par production de minuscules graines.

Dans la baie de Chesapeake (côte Est des USA), entres autres, ces dernières sont consommées par divers animaux aquatiques qui en excrètent une partie intacte plus loin.

C’est ainsi que les poissons-globes les rejettent en moyenne à 55 mètres d’où ils les ont mangées, les tortues-diamants à 1 500 mètres, les fuligules (des canards plongeurs) à 15 000 mètres, etc., assurant aux zostères une expansion régulière… et s’assurant pour eux-mêmes de nouvelles zones de nourrissage.

A l’intérieur des forêts tropicales, les arthropodes (mille-pattes, araignées, …) contribuent à former de l’humus avec des champignons microscopiques.

Ceux-ci déploient leurs filaments, en moyenne 260 kg/ha, sous forme de grands réseaux qui décomposent les feuilles mortes et fournissent aussi nourriture, logis et voies de communication aux arthropodes, tout cela permettant le maintien de la diversité sylvestre.

Le processus est en partie inverse au cœur du parc naturel de la Sierra Nevada, dans la région de Grenade en Espagne.

En effet, mulots et souris excrètent peu de graines intactes des chênes verts, pins, etc. qu’ils consomment, ce qui a pour conséquence de faire apparaître peu à peu un autre écosystème, la garrigue, à la place des forêts encore présentes actuellement.

Erreur de la nature?

Non, évolution vers un écosystème végétal plus apte à tirer parti du réchauffement climatique : ajoncs, romarin, chèvrefeuille, buis, genévriers, euphorbes, etc. dont se composent les garrigues sont effectivement davantage en phase avec des sécheresses répétées que les essences d’arbres peuplant ces contrées depuis longtemps.

Sans compter que la garrigue fournit aux rongeurs un habitat plus protecteur face à leurs prédateurs : mulots et souris n’ignorent pas ce qu’ils font en digérant complètement la majorité des graines d’arbres désormais indésirables.

Comment faire lorsque l’on ne dispose pas d’éléphants pour répandre des graines végétales ?

Réponse : on fait appel à des poissons.

Dans la jungle amazonienne, dépourvue de pachydermes, les gramitana, proches des piranhas quoique essentiellement frugivores, accomplissent les mêmes tâches que les éléphants ailleurs.

Chacun d’entre eux excrète chaque semaine 3 000 graines intactes de 22 essences d’arbres différentes à 5,4 km de l’endroit où il les a ingérées, soit la même distance parcourue par les éléphants au moment de leurs excrétions.

 

Sources :

- Study reveals that animals contribute to seagrass dispersal, www.phys.org, 19 décembre 2012

- Invisible fungi crucial for rainforest diversity, www.phys.org, 21 décembre 2011

- Overfished Amazon fish disperse seeds long distances, www.phys.org, 19 avril 2011

- Small rodents encourage the formation of scrubland in Spain, www.phys.org, 27 août 2009

 

 

Travaillez, travaillez, et pollution vous aurez

« Ce n’est pas parce qu’il y a du smog que les Londoniens travaillent, c’est parce que les Londoniens travaillent qu’il y a du smog. »

Cette citation du dramaturge irlandais Oscar Wilde remonte aux années 1890.

Aujourd’hui, elle concerne l’ensemble de la planète via la pollution atmosphérique.

En moyenne, les jours non travaillés sur la terre se traduisent par une diminution de 37,5 % de la concentration atmosphérique des divers oxydes d’azote émis par :

- L’emploi de combustibles fossiles pour produire de l’électricité ;

- Les transports terrestres et aériens ;

- Les épandages d’engrais ;

etc…

C’est ainsi, entre autres, que ces journées sont davantage ensoleillées en Espagne et qu’en Israël les vendredis dans les cités arabes et les samedis dans les villes juives sont beaucoup moins pollués.

Quant aux sulfates issus des oxydes d’azote, ils ne proviennent pas seulement des activités professionnelles locales : en Californie, par exemple, 1/4 d’entre ceux présents toute l’année dans l’atmosphère a pour origine des fabrications chinoises destinées à la consommation américaine, alors que leur part dans la pollution atmosphérique de la côte Est des Etats-Unis a diminué du fait de ces mêmes transferts de fabrication.

Les augmentations du chômage ont pour corollaires des baisses concomitantes de concentration de monoxyde de carbone et de dioxyde d’azote dans l’ensemble de l’atmosphère terrestre : pour ne citer qu’un exemple, respectivement -17 % et -12 % en Californie entre 2006 et 2010 lorsque le chômage y est passé de 5 % à 12 %.

Par ailleurs, la croissance de la pollution atmosphérique les jours travaillés favorisent aussi, entre autres phénomènes météorologiques extrêmes,  la survenance de tornades plus violentes et plus mortelles ces journées-là.

Dans le sud-est des USA, entre 1995 et 2009, de minutieuses recherches ont montré une telle corrélation : les particules de pollutions étant trop petites pour former des précipitations, leur très grande concentration produit un gros surplus d’énergie s’exprimant par de forts accroissements d’éclairs d’orages et de puissance des vents qui deviennent des tornades surpuissantes entre les lundis et vendredis, beaucoup moins fortes les samedis, dimanches et fériés.

Et comme les tornades concernent désormais à peu près toutes les zones géographiques planétaires…

 

Sources :

- Air pollution tried to exports : blowback causes extra day per year of ozone smog in Los Angeles, www.phys.org, 20 janvier 2014

- Recessions and health the impact of economics trends on air pollution in California, Science Daily, 12 septembre 2012

- New research may explain why serious thunderstorms and tornados are less prevalent on the weekends, www.phys.org, 22 décembre 2011

 

 

 

Opportuns contrôles

Les mécanismes naturels régulant les substances qui sont nocives en cas de concentration excessive se comptent par centaines.

Parmi eux, de simples arêtes de poissons décontaminent des sols perclus de plomb : le phosphate qu’elles contiennent s’y lie, le dissout et le transforme en pyromorphite, un cristal écologiquement inoffensif.

A Oakland, dans la baie de San Francisco, il n’a pas fallu plus de deux semaines pour que cette transformation se réalise.

Avec le réchauffement climatique, non seulement les arbres s’implantent de plus en plus haut sur les versants montagneux, mais leurs racines connaissent également un essor supplémentaire dans les sous-sols.

De ce fait, il se produit alors une dissolution accrue des roches qu’elles rencontrent : les composantes ainsi obtenues attirent le CO2 atmosphérique et le capture en un stockage naturel pouvant durer plusieurs milliers d’années.

Quant à l’Afrique subsaharienne, elle peut compter, entre autres, sur l’acacia Faidherbia Albida pour doper les cultures.

En effet, ses feuilles fixent une grande quantité d’azote atmosphérique et tombent en même temps que les graines de mil, sorgho, maïs, etc. sont semées, leur apportant ainsi des éléments nutritifs naturels, ces mêmes feuilles repoussant pendant la saison sèche, ce qui réamorce ce cycle pour l’année suivante.

100 acacias/ha multiplient par trois les récoltes par rapport à celles issues de parcelles qui en sont dépourvues.

La nature a l’habitude de résoudre tous les problèmes environnementaux survenus depuis des centaines de millions d’années : utiliser  ses technologies pour ceux provoqués par les activités humaines serait plus efficient que de recourir aux technologies « vertes », n’ayant d’autre raison d’être que de substituer un business « écologique » à un business industriel.

 

Sources :

- The roots in the mountains « acted like a thermostat », for millions of years, www.phys.org, 05 février 2014

- Fish bones used to decontaminate soil in lead-poisoned neighborhood, www.phys.org, 15 août 2011

- Scientists announce unique acacia tree’s promise to revive African soils, www.phys.org, 24 août 2009

 

Jean-Luc Ménard